Les règles de fonctionnement, la régulation

 

L'homéostasie est la capacité d'un système vivant à se maintenir en l'état malgré les perturbations, tout comme un système vivant est aussi autopoïétique c'est à dire qu'il a la capacité de s'auto-construire et de se modifier... suivant les perturbations ! Cela se traduit par la production d'un certain nombre de mécanismes de feedback, de biofeeddback, de rétroaction !

Nous considérons la classe comme devant être un système vivant. Les règles de fonctionnement, implicites ou explicites, ayant statut de lois érigées par une institution de la classe ou émergeant et disparaissant au gré des événements et circonstances, les procédures instaurées ou ritualisées, font partie des mécanismes de régulation. Ils permettent au système de gérer les perturbations et en même temps ces perturbations contribuent à leur établissement.

Une partie importante de la structure et de la "guidance" des enseignants.

21.01.05 Bérangère : Est-ce juste que la loi soit la même pour tout le monde ?

Mars 206 Philippe R : Repérer le passage dans les ateliers. Pourquoi ? intérêt, envie... Guilain distingue ce qui relève du développement personnel (apprentissage) du vivre ensemble. Ninon les contraintes matérielles parasitent les règles - Chez Daniel G, l'envie pendant les temps personnels

A partir d'un tableau de pointage de Philippe R : Rolland L : observation du tableau

Bérangère

Cela  me renvoie à un débat autour de la Loi que nous avons eu à la dernière réunion du Gepem : est-ce juste que la loi soit la même pour tout le monde dans la mesure où les enfants n'arrivent pas tous égaux devant elle ?

Il est simple de respecter la loi lorsqu'on a été élevé dans une famille équilibrée, aimé et respecté, mais c'est beaucoup plus fastidieux dans le cas contraire.

Pour le plan de travail, le contrat ou autre chose, n'est pas la même problématique ?
Si un enfant ne parvient pas à faire des fiches ou un autre travail écrit ( du moins provisoirement), doit-il être sanctionné en n'allant pas aux ateliers ?

J'ai constaté que des enfants avaient appris à lire, écrire ou compter sans fiches, juste avec des jeux de calcul mental en groupe, des lectures autonomes répétées dans des ateliers de sciences ou poussés par l'envie d'écrire des albums, lettres etc...ce qui se fait à l'intérieur même des ateliers non hiérarchisés.
Bien sûr, je m'interroge aussi sur les enfants qui zonent mais en même temps j'ai constaté qu'ils communiquent beaucoup avec les autres et sont attentifs à leur travail.
Peut-on aussi apprendre de cette manière ?
 

 

Philippe R

Suite à un échange de mail avec Françoise du GEM01 et également présente sur la liste 3type, je souhaite rebondir sur le sujet du pointage.

L'idée de pointage consistait pour moi à repérer les ateliers utilisés par chaque enfant et surtout les ateliers délaissés.
Dans le but, disais-je dans un message précédent, de cibler les interventions pédagogiques de l'adulte auprès de chaque enfant. Et j'avais ajouté que cette intervention devait viser à redonner la confiance à l'enfant dans cette atelier.
Cela supposait que l'enfant ne se confrontait pas aux activités de l'atelier en question car il ne s'y sentait pas en sécurité, car il n'avait pas suffisamment confiance en lui.

Dans son message, Françoise a soulevé la question de l'intérêt en m'expliquant  "
il y a des milliers de choses que je ne fais pas, non pas par manque de confiance mais simplement parce que je n'ai pas envie ; ce qui est souvent dommage car je pourrais progresser dans des tas de domaines ! ). Cela m'a rappelé un texte que Bernard a écrit pour le congrès ICEM de Nice, texte sur lequel nous n'avons pas ou quasiment pas échangé, et centré justement sur ce mot clé "intérêt". (Bernard, peux-tu nous indiquer un lien pour lire/relire ce texte ?).

Du coup, je suis reparti du schéma de classe que j'avais fait avec Sophie et Guilain à Nice.
https://3type.fr/schema
Nous n'avons pas chercher à comprendre pourquoi l'enfant aurait "envie de faire". Certes, le déclencheur provient de l'environnement au sens large (voir le schéma) ; certes, l'enfant doit se sentir en sécurité pour conduire cette activité, avoir confiance en eux. Mais pourquoi l'enfant aurait-il envie de faire ?
Quel est son intérêt ?
J'en vois 3 :
- l'intérêt de communiquer par la suite, d'échanger (pôle communication et c'est principalement sur celui-ci qu'on bosse)
- l'intérêt de savoir faire, d'apprendre
- par simple plaisir

Le premier est au coeur de la pédagogie de la structure et de la communication et constitue très souvent l'objet de nos échanges. En gros, on commence à savoir faire.

Le deuxième est bien plus délicat. Que faire pour que X (qui a cet intérêt là) se comporte comme Y (qui ne l'a pas) ? Qu'est ce qui a fait que X soit comme ça ??? A-t-on une quelconque emprise sur cet intérêt ? Je pense que OUI mais je ne la connais pas même si l'idée de reconnaissance et d'identité doivent sans doute être centrales, non ?

La troisième est propre au caractère de l'individu, à son tempérament. Autrement dit, c'est ce qui distinguera toujours les uns des autres (impossible et heureusement ! d'avoir 20 enfants pareils !). Le goût serait associé à cette catégorie. suite réflexion


Ninon (suite à Guillain à droite)

Ainsi, je suis d'accord avec le message de Guilain ci-dessous, et j'observe que malheureusement, très, trop souvent, ce sont les règles élémentaires du vivre ensemble qui limitent la liberté de faire, dans le domaine du développement personnel.
Parce que la classe fait moins de 60 m², que le plafond plafonne à 2m10... (on n'est que 19 en classe, mais par curiosité, je calculerai combien de mètres carrées restent disponibles une fois retranchée la surface des leubles...)
Parce qu'il y a un ordinateur (+ un 486 fraîchement récupéré... mais bof) Parce qu'il n'y a pas de coin et recoin... Parce qu'on ne peut pas faire du bruit sans gêner les autres...
Parce que JE n'ai pas le droit (!) de laisser mes enfants (élèves !) s'installer sur le banc au fond de la cour pour réviser une poésie ou poncer leur modelage, encore moins les laisser jardiner sur notre motte de terre...
Alors il y a quand même tellement de paramètres différents de la maison.
Concernant le "ch'sais pas quoi faire", on m'a reproché de ne pas donner de devoirs : le petit s'ennuie à la maison. Ah? et c'est moi qui doit pallier ? Et bien ressortez les legos madame, et jouez avec lui ! (il aura quelque chose à raconter demain !). A la maison, on s'ennuie aussi, mais jamais très longtemps !
Concernant le temps passé à l'ordi. A l'école, c'est limité à cause du nombre de volontaires. A la maison, itou (ils ont vite compris le fonctionement de la minuterie du four !!?). Et quand il n'y a pas bataille autour du pc, c'est moi qui limite, tout comme la lecture pour l'aînée (!), quand ça dépasse certaines limites. A moins que ce ne soit à nouveau le vivre ensemble (il faut mettre la table !) qui viennent contraindre.

 

Philippe R
Chez nous, c'est aussi comme chez Ninon.
L'interdiction (du genre "ça suffit avec l'ordi") ou l'obligation (du genre "allez dehors") semblent, aux dires de Anne, nécessaires au développement personnel. C'est vrai que dimanche, en l'occurence, ils ne voulaient pas aller dehors et pourtant ils y ont pris du plaisir (tout comme le ski de fond l'autre jour pendant les vacances).

Par contre, j'aimerais pas qu'on m'oblige à un moment donné .
M'obliger moi-même oui, que les autres m'obligent, non ! Mais, quand j'étais môme, est-ce que je pouvais me responsabiliser


Cela dit, dans la plupart des cas, ce n'est pas une véritable obligation ou interdiction dans la mesure où l'enfant (ou le groupe) accepte cette décision. Et il l'accepte beaucoup plus facilement lorsqu'il a la possibilité de ne pas l'accepter ! Ce n'est donc pas une stricte obligation mais une grosse influence qui laisse malgré tout au final l'enfant ou le groupe décider.

Tiens, Anne vient de dire à Marin qu'il va arrêter l'ordi car ça commence à faire long. Tiens, il arrête sans négocier. Fallait-il que quelqu'un le pousse quelque part à arrêter ?

Suite réflexion de Philippe R

(...) Le plus terrible, à l'école comme à la maison, c'est lorsque l'enfant dit "je ne sais plus quoi faire". C'est bien emmerdant ! A contrario, quel pied pour les parents un gosse qui "sait tout le temps s'occuper". Si l'on ne fait pas porter le chapeau au gosse (sale gosse qui n'a pas d'idées), s'interroger sur le "qu'est-ce qui fait" qu'il n'a pas d'idées et qui relève de moi le parent, de l'organisation de la maison, de mon attitude... est très révélateur. Mais souvent aussi on choisit la solution la plus facile, le parent se transforme en gentil organisateur. Dès qu'il cesse d'être le GO, ça s'aggrave  BC!


PR : Ton message a soulevé un petit débat intéressant à table (à la maison) tout à l'heure.

Je suis bien d'accord avec ton message mais j'aimerais creuser. Lorsqu'on ne veut pas que l'enfant passe son temps sur l'ordinateur par exemple (même s'il y fait des activités différentes : écrit, lecture, jeux, musique ...) que fait-on ? L'enfant a pourtant une envie, donc problème ou pas de problème ? Le laisser dans le même atelier ou pas ? Quelle attitude avez-vous chez vous avec vos propres enfants ? Ce qui revient lorsqu'on transpose à la classe à se poser la question si on pointe les passages dans les ateliers ou pas.. Tiens, pour éviter d'éventuelles incompréhensions, je mets en pièce jointe ce que j'ai appelé tableau de bord que les enfants mettent à jour lorsqu'ils rendent un PT (c'est ce que j'ai appelé pointage ; ouvrez le en acceptant les macros)
On a remarqué à la maison que l'obligation et l'interdiction momentanée étaient des trucs (je devine certains qui sont étonnés). Donc oui, pourquoi pas obliger, interdire ?

Les situations sont les mêmes en classe que celles qu'on vit à la maison (du moins dans une conception 3type). Tiens, d'ailleurs, je me demande si je vais pas , suite à cette réflexion (et évidemment compte tenu du contexte local), momentanément imposer un temps quotidien en arrivant en classe de production. suite


Guillain

"Trouve une envie intelligente bordel". J'aime cette  phrase, elle m'a fait sourire :-) Mais l'envie de  sauter sur un canap', c'est une envie intelligente. Le problème n'est pas là. Le problème, ici c'est le "vivre ensemble" : si tu sautes sur le canap', ça me gêne, parce que ça fait du bruit, ça risque de mettre en pièce le canap', etc.
 Dans le domaine du vivre ensemble, il me semble bien sur pertinent "d'obliger ou d'interdire". A mon avis, le mieux est que ces interdictions soient liées à des régles élaborées et discutées ensemble (c'est-à-dire par le groupe qui vit ensemble)...
Dans le domaine du développement personnel (ou de l'apprentissage si vous préférez), il ne me semble pas pertinent d'obliger ou d'interdire. Il se développe, le môme qui a envie de sauter sur un canap' et qui le fait !
Est ce que vous pensez que cette distinction tient la route ? Est-ce que, quand vous intervenez dans vos classes, vous pouvez toujours dire si vous êtes dans un cas (développement personnel) ou l'autre (vivre ensemble) ? Si oui, ça répond à bien des questions que se pose Philippe, non ?
 PS : le cas de l'ordinateur est intéressant par rapport au développement personnel. N'y a t'il pas un risque d'addiction ? Ne faut-il pas interdire l'ordinateur à certains moments (alors qu'il s'agit de développement personnel) ? Débat intéressant mais différent de celui du message : c'est un débat spécifique à l'ordinateur ou à certaines drogues...

Suite Ninnon




 

 

Daniel G

Dans ma classe de CE1/CE2, pendant les moments de Projet Personnel, il y a :

 

M. qui est extrêmement scolaire mais très volontaire et qui adhérera aux propositions des autres.

A. qui est isolé dans la classe, assez passif, assez ailleurs

D. qui est partant pour tout

R, H et E der niveau CE1 qui expriment leurs envies mais qui ont besoin d’aide, indubitablement, pour préparer une conférence sur les châteaux forts comme ils le souhaitent

Y. volontaire mais en manque de confiance. Il s’est lancé dans une scène de théâtre mais on a du mal à entendre sa voix

G, F, S et C qui sont à fond dans le théâtre et qui avancent de façon très autonome

Ch qui est très brillante, voudrait travailler une scène d’Harry Potter mais qui peine à adapter sa scène littéraire en théâtre

S et Y qui se débrouillent sans problème

N, A, Ax et S , quatre garçons dans le vent, plein d’envies mais ça part dans tous les sens. Difficile d’en faire une réalisation intéressante et pourtant le potentiel est là. Il leur manque une certaine rigueur et un cadre

Ma., qui est surtout intéressé à gêner les autres. Il se mobilise difficilement pour un projet.

Ab et M qui attendent ce moment de Projets comme un cadeau et avancent bien

 

Je me retrouve face à des envies fortes, des envies dispersées, des envies étouffées, des envies bien menées, des envies parasites, des envies pas claires ou mal cadrées, plein d’envies qui émergent et qui appellent de l’aide.

 

Devant cela, la place du maître, je la sens essentielle. Elle demanderait à être personnalisée pour donner la quintessence à chacun des projets.

 

Evidemment très difficile dans un espace restreint ou dans des espaces éclatés sur plusieurs étages et le tout seul (où parfois avec l’aide d’un parent volontaire mais hésitant dans son intervention et donc le plus souvent simple surveillant ce qui est déjà pas mal)

 

Aucune envie de renoncer à ce moment quotidien de 45 minutes mais difficile tout de même d’en faire qch de riche au niveau des apprentissages pour certains des élèves que je ne peux pas aider comme il le faudrait. Alors bien sûr, on pourrait me répondre qu’il se passe beaucoup de choses d’impalpable, de transversal et qui font avancer chacun mais l’interrogation subsiste.

Philippe R : tableau de pointage

Rolland L

En regardant ton tableau de suivi, je note un certain équilibre globalement dans le choix et le passage aux ateliers.
Qqs questions :
Tony a fait énormément de lecture... Est-ce parce que dans cette activité le travail est plus rapidement réalisé ? (ex : fiches plus courtes, pagettes à consulter ?) C'est-à-dire "la valeur" de l'activité ? (par ex : Thomas va mettre 2 matins pour copier son texte sur le lévrier et ne marquera 1 écrit, et pdt ce temps Jessica aura fait 10 fiches lecture, et Sofien aura lu 3 fois son album pour préparer sa lecture aux maternelles...).
Je me repose la question de la "qualité" par rapport à la quantité... J'entends par qualité ce qui est nécessaire à l'enfant, c'est-à-dire les domaines qu'il doit explorer, travailler...
 
Lou a fait bcp de numération (idem Tony ?) mais son PdT est équilibré.
Par rapport au choix : Pour chaque atelier y a-t'il bcp de choix ? Est-ce que trop de choix, tue le choix ?
Les activités sont-elles bien repérées ?
Dans ma classe, je me demandais ce qui faisait dire à certains de mes élèves "je n'sais pas quoi faire !" ou au contraire agir "en mouton" en suivant systématiquement tel enfant, ou d'autre qui agissent "en miroir" en voulant tout faire en même temps. D'autres qui resteraient à l'ordi toute une journée...
Voilà à chaud et dans l'élan..