Inscrire la liberté de circulation
dans le projet d'école et le règlement intérieur

 

Extraits de projets d'écoles et de règlements intérieurs

Les conseils de Jean Legal

Les règlements ne font pas avancer (B.Monthubert)

 

 

Extraits de projets d'école et de règlements intérieurs

Joël BLANCHARD - AIZENAY

 

La libre circulation des enfants dans l'école est inscrite dans les pratiques quotidienne à l'école d'Aizenay depuis 20 ans.

Devant les dérives du tout-sécuritaire, mais aussi suite aux réfléxions du chantier "droits de l'enfant, règlements intérieurs..", il nous est apparu nécessaire de l'inscrire en plus dans nos règlements au fil des années. Ainsi dans le Projet d'Ecole dans le chapitre "B.C.D." depuis plusieurs années il est écrit :

"Afin de permettre à l'enfant de faire l'apprentissage de son autonomie notamment pour la gestion de son temps, de ses déplacements et de ses propres apprentissages, le principe de la libre circultaion a été adopté. Régi par des règles établies coopérativement, en conseil de bibliothèque, il amène les enfants à se rendre seuls à la bibliothèque sous la responsabilité de leur enseignant mais hors du contrôle permanent de celui-ci."

Ce projet d'école a été approuvé, sans remarques, par différents I.A. successifs.

Dans le Règlement Intérieur de l'école établi l'an dernier avec les parents, il est écrit :

"Chacun peut librement circuler à l'intérieur de l'école, pour se rendre aux toilettes, à la BCD (avec passeport) ou à des ateliers organisés selon des règles de vie négociées dans les conseils coopératifs".

Ce règlement Intérieur a été approuvé en Conseil d'Ecole l'an dernier et cette année en présence de l'IEN.

Il y a bien dans ce domaine là aussi la PRATIQUE d'un côté et puis son cadrage INSTITUTIONNEL d'un autre. Ce dernier peut relever de différents niveaux : - celui de se protéger administrativement - celui de formaliser des pratiques - celui, plus militant, d'affirmer des pratiques de rupture et de les inscrire sur le papier pour les faire reconnaître et d'interroger au passage la hiérarchie. Dans ce dernier cas cela peut effectivement amener des réactions dont il ne faut pas se plaindre mais qu'il nous faut gérer en militants pédagogiques pour faire avancer les pratiques et (reculer ?) les textes.


Ecole de Marc Quendez

J'ai voulu notre règlement intérieur discret pour ce premier remaniement: règlement type départemental à peine modifié, simplement le paragraphe ci-dessous

VIE SCOLAIRE

L'école repose sur le principe du respect mutuel; enseignants, parents et enfants se doivent d'y obéir en toute circonstance. Les droits des Hommes et des Enfants y sont enseignés et respectés, les règles de vie y sont définies chaque année, d'un commun accord, par les enseignants et les enfants de l'école. L'apprentissage civique dispensé permet à ces derniers de prendre des responsabilités de plus en plus grandes dans la vie scolaire. La libre circulation, notamment, y est autorisée, dans le respect des règles mises en place dans chaque classe par la communauté des enfants et de l'enseignant de la classe."

Il n'y est fait allusion à aucune circulaire, simplement à la réalité de notre vie quotidienne.

 

 

 

 

 

 

Les conseils de Jean Legal

Libre circulation et travail autonome, deux stratégies sont possibles :

  • donner les moyens de liberté et de rester en classe aux enfants, l'organiser… et n'en rien faire savoir à personne. C'est ce que font les instituteurs en général.
    • donner des moyens de....et tenter de le légaliser par le RI et par l'action auprès des pouvoirs publics
    J'ai choisi cette 2e voie : AGIR donc CREER UN RAPPORT DE FORCE

     

    Aucun texte officiel, en réponse à nos multiples demandes, n'ayant apporté des informations pertinentes quant à la circulation des enfants dans l'école et les enfants continuant à y circuler seuls, ne serait que pour aller aux toilettes, je préconise que l'école devienne un lieu de droit, où la sécurité des personnes serait assurée mais où les libertés individuelles et collectives pourraient aussi s'exercer, le règlement intérieur précisant les droits et obligations de tous les membres de l'institution scolaire et devenant le point d'appui de l'exercice progressif d'une citoyenneté participative à l'école.

    Je conseille donc aux écoles qui ont pour objectif une formation à l'autonomie et à la responsabilité individuelle et collective :

    • d'inscrire cet objectif dans leur projet d'école ainsi que ses modalités de mise en oeuvre ;
    • d'élaborer leur règlement intérieur avec la participation des enfants et des parents ;
    • d'y inscrire les modalités générales d'exercice du droit à l'éducation, de la liberté d'aller et venir, du travail en autonomie dans différents lieux, de la liberté d'expression et du droit de participation, de la liberté de pensée, de conscience et de religion ainsi que les procédures en cas de non respect des obligations et des interdits, et les réparations et sanctions ;
    • de faire voter ce règlement par le Conseil d'école et de le soumettre au contrôle de légalité de l'administration ;

      C'est ainsi qu'un règlement intérieur d'école Freinet, voté par le Conseil d'école et accepté par l'inspecteur, a prévu que :

      LA CIRCULATION DANS L’ECOLE

      En référence à la loi du 5 avril 1937 et à la circulaire du 20 novembre 1963 et conformément au projet d’école qui définit comme objectif prioritaire l’éducation à la responsabilité, à l’autonomie et à la citoyenneté, les enfants ont la possibilité d’aller et venir et de travailler à l’intérieur de l’école sous la responsabilité de l’enseignant.

      Un responsable-élève est chargé dans chaque espace de l’école de faire respecter les règles élaborées en commun.

      Selon le comportement, le degré d’autonomie de chaque enfant et selon les conditions matérielles de l’école des limites à cette liberté d’aller et venir sont définies au sein du Conseil de classe et du Conseil des maîtres.

      LA RECREATION

      Pendant les récréations, les enfants ont la possibilité d’aller et venir sans surveillance directe à l’intérieur de l’école, seuls ou en groupes pour:

      • mener une activité calme à l’intérieur ou à l’extérieur des locaux ;
      • se rendre aux toilettes;
      • choisir et se rendre dans son lieu d’activité"

    • d'élaborer dans les conseils d'enfants, de classe, d'école, de BCD, de restaurant scolaire… les règles de vie qui organisent concrètement l'exercice de ces libertés ;
    • de tenir un registre des décisions prises dans les différents conseils existant dans l'école, en particulier concernant les transgressions.

      Ces deux derniers points pourraient témoigner que l'équipe pédagogique agit avec discernement et de façon responsable, en tenant compte des objectifs éducatifs retenus par le projet pédagogique et des impératifs de sécurité et de protection de l'enfant.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les règlements ne font pas avancer
    Bernard MONTHUBERT

    Retraité depuis pas mal de temps maintenant je n'ai peut-être pas bonne conscience de l'état actuel des choses mais je voudrais ici donner quelques réflexions :

    1. Du temps où j'étais instit je ne me suis jamais posé le problème des règlements car je ne pense pas que ce sont les règlements qui font avancer les choses ;

    2. J'ai souvent été seul ou presque dans des écoles avec d'autres enseignants traditionnels, cela aurait été difficile de faire accepter un règlement commun ;

    3. J'ai respecté les autres, dans la mesure où ils n'étaient pas des vicieux et mon impact fut aussi fort que si j'avais cherché à les convaincre ;

    4. J'ai toujours donné aux élèves leurs droits naturels et demandé de tenir compte des demandes légitimes des collègues (pas de bazar dans les couloirs bien sûr mais vu que la technique de vie ne le tolérait pas non plus cela ne pose pas vraiment problème)

    5. J'ai toujours eu des enfants dans la classe pendant les récrés, avec ou sans moi ;

    6. Lorsque j'étais en campagne, la cour était si grande qu'il aurait été impossible de surveiller partout sans la réduire au rectangle face aux classes, 3 classes pouvaient s'y trouver sans surveillance autre que celle des enfants entre eux (les plus grands ramenant les petits à la raison s'ils n avaient besoin) et en 12 ans un seul accident (bras cassé)

    7. Ni règlement pour tout cela, ni permis, ni brevet de conduite ni... ni... seulement de la technique de vie comme en famille.