Les permis de circulation

 

L'école de Cagny (Philippe Lamy)

4 niveaux de responsabiités et la prise en compte de l'environnement (Laurent Ott)

 

L'école Marie Cury à Bobigny (93), Véronique Decker

L'école de Saint Sorlin en Bugey (01), Annick Boudier

 

 

 

 

 

L'école de Cagny
(Philippe Lamy)

Quand je suis arrivé à Gagny, il y a 3 ans, seul un collègue, Freinet isolé,avait mis en place le permis de circuler. Il se trouvait bien sûr en but aux tracasseries (pour ne pas dire plus) de la directrice et autres bonnes âmes. Il a tenu bon. Avec mon arrivée, nous nous sommes renforcés, étant deux à utiliser le permis (il se trouve que ce collègue est devenu entre temps le directeur). En 3 ans, le permis a fait des petits et la libre circulation des enfants, liée à la possession du permis (sauf pour les toilettes) n'est plus vraiment un problème, même si le permis n'est pas étendu à toutes les classes.

En ce qui concerne ma classe, la première année avec les enfants, nous avions mis en place le droit de sortir pour aller aux toilettes (nous étions encore dans un milieu hostile). Ce droit était matérialisé par un bâton d'environ 30 cm, accroché en classe et que l'enfant devait avoir en main pour se rendre aux toilettes.

 

 

 

 

 

 

 
4 niveaux de responsabilités
et la prise en compte de l'environnement

(Laurent Ott)

 

  • Une école hostile à Villeneuve Saint Geoorges, d'abord; j'avais un CM1. J'institue la liberté de monter et descendre seul de la classe et de rester en classe pendant certaines récréations pour réaliser des tâches collectivement utiles.
    L'équipe est très hostile; on me menace de tous les ennuis de la terre, moitié en singeant la compassion, moitié en souhaitant vérifier les prédictions à la Cassandre.

    Il n'en sera finalement rien; mais par contre, l'année fut tendue avec les enfants; je ne pouvais rien leur permettre; j'étais sur la défensive et retirais le permis pour un oui ou pour un non, de ma propre initiative car je ne me sentais pas en terrain sécurisé.

 

  • Cette année, une autre école, très ordinaire elle aussi mais dans laquelle sans qu'on sache bien pourquoi existe une forte tradition que les enfants circuleent et restent en classe y compris pendant le temps de la cantine (avant et après le réfectoire), ce que je n'avais encore jamais vu en ville (ça suppose aussi que les instits restent manger en classe ou dans l'école).

    Résultat ; un climat bien plus détendu; beaucoup moins de difficultés quand je mets en place mon système de permis de circuler et de rester seul (pour moi, il s'agit dans les deux cas de la même chose, au fond).

    Je mets en place 4 niveaux de responsabilité assez classiques:

    • élèves (tout le monde est élève); l'élève a les droits et devoirs d'un écolier
    • compagnons : les compagnons peuvent rester ou circuler avec des enfant plus autonomes, mais pas seuls. Ils savent travailler en groupe
    • les autonomes; ce sont des enfants capables de mener à bien des activités qu'ils mettent eux mêmes en place
    • Niveau "responsable"; niveau théorique non pourvu à ce jour chez moi, d'enfants qui peuvent encadrer la classe et mettre en oeuvre des activités scolaires.

    Bref, à part les 3 ou 4 qui sont encore élèves, les autres sont tous au moins compagnons et peuvent rester en classe ou aller afficher les menus à l'extérieur de l'école, relever le courrier, internet, répondre au téléphone, faire des photocopies, etc.

    Et ça marche très bien; je veux dire par là que des réalisations intéressantes sortent de ces moments et initiatives qui sont sur une autre dynamique plus détendue par rapport au climat classique de la classe; de plus, la sécurité semble très bien acquise.

    Mais j'ai bien conscience qu'il faut entretenir ce climat et non le laisser filer; il faut sans cesse réexpliquer ce qu'il est possible ou pas de faire, sans quoi une lente érosion risque de s'installer.

    Ce dernier exemple actuel est en CM2; il n'est pas anodin de préciser que je suis (encore) le directeur, ce qui me met à l'aise vis à vis des collègues sur ce plan.

 

  • Dernier exemple: une école en ZEP ou j'avais un CE1. Toute l'école fonctionnait avec une grande marge de liberté de circuler mais tout cela était informel et pas explicité.

    Cela marchait pas mal aussi; toutefois, j'ai eu un accident avec une CE1 , un jour où des ouvriers ont déclenché l'alarme par erreur, ce qui a affolé les enfants.

    L'accident n'a pas été grave, mais ça m'a fait réfléchir aux conditions de réussite: il faut bien contrôler l'environnement ou le milieu si on veut mettre en place de l'autonomie; et surtout, en tant qu'enseignant, il faut être très mobile, très disponible. Il est aussi très utile d'avoir un petit groupe d'élèves avec lequel on soit en confiance absolue et qui constitue une sécurité supplémentaire décisive.

 

 

 

 

L'école de Marie Cury
à Bobigny (93), Véronique Decker

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'école de Saint Sorlin en Bugey
à Saint Sorlin en Bugey (01), Annick Boudier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et chez les petits ?

Catherine S.

Bonjour, dans ma classe se serait plutôt moi la moins libre d'aller aux toilettes.( 25 petits de 2 à 3 ans). Biensûr les sacro-saints passages aux toilettes ont lieu 2 fois par matinées, pour arranger l'atmosphère j'ai essayé d'être organisée pour que les enfants puissent l'être.(déroulement très ritualisé : une chanson à l'aller, une autre à la fin, une consigne pour se retrouver assis,etc... idem pour le lavage des mains). A côté de ça ils pouvent y aller dès qu'ils abordent le sujet. Pour certains la demande ne pouvait pas se faire par manque de langage ou choc d'une scolarisation (trop) précoce, ça va mieux.

Mi-avril ils commencent à simplement m'informer de leurs envies et certains font même l'opération tout seul : aller retour dans le couloir d'une bonne vingtaine de mêtres, et déshabillage- rhabillage. Bon, c'est pas si mal, finalement.

L'idéal serait d'organiser le passage collectif par petits groupes de 5 ou 6. Il faut une ATSEM très motivée et qui ne rechigne pas sur les aller-retour et qui se conçoive comme responsable des enfants et non pas d'une tâche matérielle. C'est déjà arrivé mais pas cette année!