Les Arbres de Connaissances

(texte d'info pour les Entretiens Pédagogiques de Vaulx en Velin

Anthony FREMAUX

L’idée des arbres de connaissances (ou souvent appelé " arbres de compétences ") a été proposée par Michel Authier suite à la mission confiée en novembre 1991 par le Premier Ministre de l'époque (Edith Cresson) à Michel Serres afin d’essayer d'instrumenter un rapport nouveau au savoir et une diversification des modes de reconnaissance sociale, mission à laquelle participait également Pierre Lévy qui a collaboré a enrichir le concept.

L’idée originale des ADC est d’élaborer, sans classification a priori, une cartographie dynamique de l’ensemble organisé des connaissances et des compétences porté par un collectif (entreprises, collectivités, écoles, etc.) à partir de l’expression des individus. Un ADC permet à chaque individu de visualiser son blason, c’est à dire sa position singulière au sein d’un collectif de référence et facilite une reconnaissance mutuelle.

Un ADC : un outil de représentation du collectif et de la position de chacun en son sein

Un ADC est composé de trois niveaux d’image : le brevet, le blason et l’Arbre.

Un brevet, une brique sur un Arbre, représente une compétence ou une connaissance. Un brevet est un attribut, un signe de reconnaissance, une marque de la présence d’un ou plusieurs individus.

Un blason, l’ensemble des briques de couleur blanche sur la figure 1, représente la position d’un individu par rapport à un collectif de référence. La répartition de ses compétences sur l’ADC dépend de la présence des autres personnes, et non de catégories a priori.

Un ADC représente un collectif. A chaque fois qu’un nouvel individu entre son profil dans l’arbre ou se positionne sur un nouveau brevet, alors l’arbre est susceptible de changer de forme.

Les deux clefs de lecture d’un ADC sont :

 

Un ADC : un support commun de négociation

Un ADC est connecté à un système de messagerie électronique et constitue un support commun de communication à trois types d’acteur :

L’utilisateur d’un ADC peut passer d’un rôle à l’autre. Tout dépend des règles du jeu définies par le collectif utilisateur du dispositif. Parents, associations du quartiers, élèves, enseignant.., tous sont potentiellement utilisateur de l’ADC. Un ADC permet alors d’étendre l’espace pédagogique au delà de la classe et favorise son ouverture sur l’extérieur.

 

ADC et pratiques sociales

Un élève utilisateur d’un ADC n’est pas uniquement en position de recevoir un enseignement, il est surtout en situation de donner, de partager ses connaissances, scolaires ou non scolaires. Lorsqu’il inscrit son blason dans un ADC par le choix de brevets, un élève s’engage quant à un collectif : il rend explicite son implication et s’expose à des sollicitations possibles des autres.

Une hypothèse développée par Michel Authier est que la reconnaissance doit précéder la confiance et le don. Concrètement, lorsqu’un élève " s’autovalide " des brevets, il participe à transformer l’Arbre qui représente le collectif. Et son choix a pour effet une reconnaissance spontanée de son apport grâce la visualisation de son blason sur l’Arbre. Ensuite l’utilisateur peut donner la preuve de sa connaissance du brevet : un témoignage de pair, l’avis d’un enseignant ou d’un parent, un écrit, un dessin, une démonstration… Il peut trouver un intérêt à mettre en commun et à partager ces informations. Un brevet peut alors constituer un forum électronique sur lequel chacun a la possibilité d’apporter sa contribution et de montrer ce qu’il entends par " appliquer la règle de trois " ou " faire un gâteau d’anniversaire " par exemples. Une valeur pourra ainsi être donnée au lien entre individus et brevets en fonction de la nature de la preuve et surtout de l’utilité de cet apport pour lui-même ou pour les autres qui peuvent en bénéficier.

 

Anthony Frémaux

afremaux@trivium.fr