Réflexions diverses

 L'évaluation  L'auto-correction  Les échanges de savoirs  La lecture

L'évaluation

Parole d'un parent

L'évaluation n'est pas de vérifier si l'enfant sait mais de valoriser son apprentissage. "Il n'y a pas d'apprentissage sans évaluation". Autrement dit, plutôt que de tester l'enfant, on pourrait sans doute l'aider à déterminer comment il peut valoriser son apprentissage. Ce peut-être tout simplement l'aider à dire : "regarde ce que je sais faire maintenant".

Parent d'élève, congrès ICEM à Nice en 2005, après la présentation de Bingo

Petit texte qui permet de comprendre le débat et l'enjeu

Restée seule, Sylvie empoigne la poupée, lui administre une bonne fessée, la traite de " vilaine méchante "et lui reproche de choisir juste le jour de Noël pour faire des bêtises :
- Je t'avertis, Si tu n'es pas sage, je t'enferme dans l'armoire et tu n'en sortiras plus jamais!
- Pourquoi ? - demande la poupée.
- Parce que tu as cassé la vaisselle.
- Je n'aime pas jouer à ces jeux idiots! - déclare la poupée - Je veux jouer avec des autos de course.
- Je t'en ficherai moi des autos de course! annonce Sylvie. Et elle lui administre une nouvelle fessée .
Mais la poupée ne se laisse pas impressionner et lui tire les cheveux.
- Aïe! Qu'est-ce qui te prend ?
- Légitime défense - explique la poupée. C'est toi qui à commencé. C'est toi qui m'a appris à me battre. Sans toi, je n'aurais pas su comment m'y prendre.
- Eh bien, maintenant, on va jouer à l'école - propose Sylvie pour détourner la conversation. Moi je serais la maîtresse et toi l'élève. Ca, se serait ton cahier. Tu ferais tout faux dans la dictée et je te mettrais zéro.
- Pourquoi zéro?
- Parce que. C'est ce que fait la maîtresse à l'école. A ceux qui font tout juste, elle met dix sur dix. A ceux qui font tout faut, elle met zéro.
- Mais pourquoi?
- Ca leur apprend.
- Laisse-moi rigoler!
- Quoi ?
- Naturellement. Voyons réfléchis un peu. Sais tu aller à bicyclette ?
- Bien sûr !
- Quand tu apprenais à faire du vélo et que tu dégringolais, que faisaient tes parents ? Ils te mettaient un zéro ou un pansement ?
Sylvie se tait, perplexe. La poupée insiste :
- Allons, réfléchis bien. Quand tu apprenais à marcher et que tu prenais une bûche, est ce que ta maman te dessinait un gros zéro sur le derrière ?
- Non.
- Et pourtant, tu as quand même appris à marcher. Et tu as aussi appris à parler, à chanter, à manger toute seule, à boutonner tes vêtements et à lacer tes souliers, à te laver les dents et les oreilles, à ouvrir et à fermer les portes, à te servir du téléphone, du tourne-disques et de la télévision, à monter et à descendre les escaliers, à jouer à la balle contre un mur, à distinguer un oncle d'un cousin, un chien d'un chat, un frigidaire d'un cendrier, un fusil d'un tournevis, le parmesan du gongorzola, la vérité du mensonge, l'eau du feu. Tout cela sans bonnes ni mauvaises notes; Est-ce vrai ou non ?

GIANNI RODARI
extrait de " Nouvelles à la machine ", Messidor Temps actuels, 1985

 L'auto-correction

Objectifs

L'auto-correction permet :

C'est donc, même en pédagogie disons traditionnelle, un outil d'accession à une certaine autonomie, et qui peut déboucher sur des remises en causes beaucoup plus profondes :

Michel Baron

On apprend en se corrigeant

Il est frappant de constater que lorsque l'on passe dans les classes qui utilisent ces fichiers, la plupart du temps, la partie autocorrection n'est pas mise à la portée des enfants. Pourtant, ce qui fait l'originalité de ces outils, c'est justement le fait que l'enfant se corrige lui-même, non pas pour décharger l'enseignant et le rendre plus disponible (bien que cela puisse avoir une conséquence non négligeable dans l'organisation de la classe) mais parce que l'enfant apprend aussi en se corrigeant.

Dans nos classes, nous considérons l'erreur comme élément positif car intégré au processus d'apprentissage par tâtonnement expérimental, contrairement à l'école traditionnelle qui l'utilise comme moyen de sélection, de notation (x points de moins par faute dans la dictée ou autres nuisance du même genre!).

Or, pour que ce processus fonctionne efficacement, encore faut-il que l'enfant aie d'une part appris à se corriger et d'autre part pris conscience de l'utilité que cette autocorrection pouvait prendre dans l'histoire de ses apprentissages. Si l'on peut facilement mettre en place dans la classe tout un environnement qui amènera l'enfant à apprendre à se corriger lui-même (et, en ce qui me concerne, j'en fais une des priorités), le deuxième point, bien que très lié au premier, pose beaucoup plus de problèmes car il est très dépendant de l'enfant lui-même et de son histoire affective (dans le cadre scolaire et familial). Il nous faut compter sur la coopération, l'entre-aide, le travail de groupe pour permettre à chaque enfant d'avancer vers cette prise de conscience qui, une chose est sûre, ne se fait pas du jour au lendemain!

Marc Quendez

 Les échanges de savoirs

Interactions entre pairs

Les travaux actuels de la faculté d'Aix tendent à montrer que c'est vraiment dans l'interaction entre deux élèves, par exemple en paires, qu'il y a apprentissage à travers des mini négociations. Il faut simplement que ce soit fait dans un cadre très structuré, très sécurisant. En effet mettre des élèves dans la situation déstabilisante de l'interaction, n'est pas forcément toujours très bien. Il faut qu'il y ait un cadre en même temps des références, des réponses et la pédagogie de contrat est tout à fait indiquée."

Halina Preszmycki, conférence le 27/03/1997 à Limoges

Objectifs des ateliers d'échanges de savoirs

Reconnaître les savoirs des enfants, ce qui permet de :

Reconnaître la diversité des savoirs d'une collectivité.

Créer un lieu d'expression d'échanges de savoirs.

Pour créer une dynamique d'apprentissages

Si je suis valorisé quand je transmets un savoir-faire cela me pousse à acquérir de nouveaux savoir-faire qui, à leur tour, lorsque je les transmettrai feront grandir l'estime que je me porte.

Catherine Chabrun, institutrice

 La lecture

La lecture et son apprentissage

Article d'Emilie Roudier
Article de Bernard Collot publié après avoir demandé l'avis sur sa pertinence au neurobiologiste Alain Berthoz

Les droits imprescriptibles du lecteur, de Daniel Pennac

  1. « Le droit de ne pas lire ».
  2. « Le droit de sauter des pages ». Ce droit explique qu'un lecteur peut sauter des pages et le conseille même aux enfants pour qui les livres comme Moby Dick et autres classiques sont réputés inaccessibles de par leur longueur. Il mentionne qu'il a lu Guerre et Paix en sautant les trois quarts du livre.
  3. Le droit de ne pas finir un livre ». Daniel Pennac explique qu'il y a plusieurs raisons de ne pas aimer un livre et les énumère : le sentiment de déjà lu, une histoire qui ne nous retient pas, une désapprobation totale des thèses de l'auteur, un style qui hérisse le poil ou au contraire une absence d'écriture qui ne vient compenser aucune envie d'aller plus loin... L'auteur dit qu'il en existe 35 995 autres. Tout cela pour dire que l'on a tout à fait le droit de ne pas aimer le livre ou l'auteur.
  4. « Le droit de relire. » L'auteur explique ici les raisons de relire un livre : pour le plaisir de la répétition, pour ne pas sauter de passage, pour lire sous un autre angle, pour vérifier. Il fait aussi le parallèle avec l'enfance.
  5. « Le droit de lire n'importe quoi ». Daniel Pennac explique que l'on peut lire tout ce que l'on veut mais que cela n'exclut pas qu'il y ait des bons et mauvais romans. Il les classe en deux sortes, les romans industriels qui se contentent de reproduire à l'infini les mêmes types de récits, débitent du stéréotype, font commerce de bons sentiments, des valeurs et des anti-valeurs ainsi que des sensations fortes. L'auteur les décrit comme mauvais, car il ne trouve pas que cela est de la création mais de la reproduction. Il la considère comme une « littérature du prêt à jouir ».
  6. « Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible) ». Droit à la « satisfaction immédiate et exclusive de nos sensations ». Daniel Pennac décrit tous les phénomènes liés à cette « maladie ». L'imagination qui enfle, les nerfs qui vibrent, le cœur qui s'emballe, l'adrénaline qui « gicle » et le cerveau qui prend momentanément « les vessies du quotidien pour les lanternes du romanesque ».
  7. « Le droit de lire n'importe où ». L'auteur explique que l'on peut lire n'importe où en prenant l'exemple d'un soldat qui se porte volontaire chaque matin pour nettoyer les toilettes afin d'y lire l'œuvre intégrale de Nicolas Gogol.
  8. « Le droit de grappiller ». Ce droit explique que l'on peut commencer un livre à n'importe quelle page si l'on ne dispose que de cet instant-là pour lire.
  9. « Le droit de lire à haute voix ». Daniel Pennac donne le témoignage d'une fille qui lui explique qu'elle aime bien lire à voix haute à cause de l'école qui interdisait la lecture à voix haute. Il la compare à plusieurs auteurs (comme Flaubert) qui, pour écrire leurs livres, les relisaient à voix haute.
  10. « Le droit de nous taire ». Ce droit explique que l'on peut lire et taire notre expérience, nos sentiments vis-à-vis du livre.