Le temps et la durée

 

Deux notions différentes et imbriquées. Pour simplifier, disons que la durée est un élément de tout processus, le temps étant l'organisation de la durée ! Comme on pourrait le définir inversement ! On peut faire émerger l'importance de l'un des termes et voir comment on peut agir sur l'autre... ou inversement, comment en agissant sur l'un on donne l'autre à disposition de l'enfant et des processus ! Agir sur le temps pour libérer la durée ? Nous ne reviendrons pas sur la notion espace-temps abordées dans le chapeau sur l'espace... nous en viendrons peut-être à cette notion sans l'avoir cherché.

18.01 - Roland L : "Le temps de la gratuité", début d'un "lâcher de lest", générateur d'autres temps.

Philippe R : la gestion par rendez-vous

Philippe R : la gestion par  rdv et groupes

Philippe R : nécessité d'échéances ? Sylvain : Des échéances peuvent être pensées dans deux types de siuation

Annick : distinguer la durée du temps

Marguerite : Peut-être que je ne lâchais pas assez

 

Roland L

Le temps de gratuité, initialement un temps où les enfants pouvaient choisir parmi plusieurs ateliers que je proposais (écoute d'un livre CD, jeu awalé, bricolage - construction, etc). Puis progressivement ils ont proposé d'autres ateliers (coloriage, perles, fabriquer des avions, etc). Certains ateliers sont devenus des échanges de savoirs : apprendre à dessiner Diddl (cf pièce jointe), jongler avec des foulards, ...

Ce temps gratuit ou librement choisi est un début de lest lâcher, qui aura l'effet de se propager, pour organiser le tutorat par échange de compétences, de valoriser des élèves enfoncés dans un "négativisme" de leur possibilités... Le matin, le temps avant la récré du matin était consacré au lire/écrire, avec des ateliers organisés et avec le choix possible. Puis avec le journal, le site de la classe et les messages, des élèves s'engagent dans des tâches (rédiger un article, écrire un message, lire les journaux, préparer une lecture...). Mais cette organisation m'a submergée et les élèves sont trop en difficulté : je ne peux me dédoubler et aider tout en même temps les non lecteurs-non scripteurs, les apprentis lecteurs et les lecteurs qui n'aiment encore se lancer dans des textes un peu plus longs. Je vais peut-être revenir aux ateliers plus rassurants et clairs pour les enfants de CLIS, en ménageant un ateliers "aide-écrivain/lecteur", où ils pourront mener leurs projets d'écriture/lecture avec moi. Il est vrai aussi que des coupures de 3 semaines à un mois pour cause de formation, entrainent pas mal de difficultés pour mener sereinement les projets, pour mettre en place les nouveaux modes de fonctionnement...

Roland

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Philippe R

Suite à une discussion avec Annick ce soir, y a-t-il nécessité à l'école primaire que l'enfant ait continuellement des échéances ?

Est-ce que la notion de durée (et donc quelque part la gestion du temps) n'est-elle pas construite lorsque l'enfant dispose au contraire du temps qu'il souhaite (aucune pression extérieure) afin qu'il puisse se l'approprier voire le mesurer en le conscientisant avec ou sans l'aide de l'adulte ou du groupe ?


Sylvain

C'est pour moi évident que les échéances temporelles sont des contraintes allant à l'encontre du développement naturel des langages, que c'est un artifice pédagogique visant à constituer de la sélection parmi les enfants présents dans le groupe.

Dans une optique d'apprentissage, la pression par un délai me semble contradictoire avec l'intention recherchée.

En revanche,  des échéances peuvent être pensées dans deux types de situations au moins :

- celles qui consistent à permettre aux enfants de s'y préparer, à court terme pour le chemin restant à parcourir à l'école (au collège, tout est soumis à échéances) ou dans la vie qui peut rapidement devenir succession de tâches à réaliser. Ne pas sensibiliser les enfants à ces réalités-là, c'est me semble-t-il risquer de leur faire vivre une très mauvaise surprise.

- celles dont les enjeux dépassent la sphère individuelle et engagent la vie du groupe. C'est notamment le cas pour l'organisation de projets communs inhérents à des manifestations artistiques, sportives ou autres dont la tenue ne dépend pas seulement du bon vouloir du groupe d'enfants. Une fois encore, ces échéances sont à souligner du fait que celui ou celle qui est chargé d'un travail l'est aux yeux du groupe qui lui fait confiance pour que le projet aboutisse.

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Annick

Effectivement si la tenue des délais est un artifice pédagogique qui permet une sélection c'est à l'encontre de tout ce que l'on recherche.

Mais, car il y a un mais ! ça existe... et c'est même un des leviers des contraintes scolaires au CES ! Voir plus tard ! Ma fille qui est en lettre modernes s'entraîne régulièrement à faire des exposés de 20 minutes et pas plus !

Je crois qu'il faut distinguer la durée et le temps  !  Je m'explique : la durée ça se calcule, se maîtrise, s'anticipe.

Le temps ne se maîtrise pas (certains disent même qu'il n'existe pas !).

Pour moi le temps, c'est la durée que prend chacun (donc nos élèves aussi...) pour faire ce qu'il a à faire selon ses propres schémas et son propre potentiel.

La durée c'est cet, te capacité de faire obéir notre propre temps dans un temps social ! (je me demande si je suis claire !). C'est la rencontre du temps social avec notre propre conception !

Je crois que c'est important que les enfants aient un contact avec ce temps social (exigence de délai) - j'ai dit un contact, pas un dressage - pour pouvoir se construire par rapport à celui-là - même si on est bien d'accord, la notion de durée varie selon les époques, les milieux etc...

Je suis persuadée que l'on doit permettre aux enfants d'appréhender ce temps là.  Pour chacun d'entre nous il est différent mais c'est en se rendant compte de celui des autres que l'on peut arriver à rentrer en contact.

Tous les enfants avec qui j'ai cheminé et qui étaient en difficulté  (de tous ordres) se révélaient en musique. Car en musique le facteur temps est une des composantes fondamentales. Chaque fois qu'il y avait une modification de l'individu, je la percevais immédiatement en musique. Pour moi ce n'est pas un hasard.

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 Marguerite

Donner du temps
Envie de partager avec vous ce moment tant attendu et qui arrive en fin d'année.
J'ai cette année un CP CE1
Je leur ai proposé à plusieurs reprises la création d'albums mais sans succès , une amorce vers janvier avec des histoires simples écrites mais l'illustration ne venait pas et les projets restaient dans les pochettes; J'ai laissé traîner dans la bibliothèque bien en vue après les avoir présentés aux enfants des albums réalisés il y a quelques années par des CP.
Lors d'une rencontre du chantier écrire, j'ai admiré  les albums apportés par Marie et je me suis dit qu'il fallait que je relance et laisse du temps

et puis un jour j'ai suggéré à Tristan qui avait une petite histoire ( Tu ne veux pas faire un album) "Oui mais pas tout seul" alors on a demandé qui voulait l'aidé et il a choisit Katel et tous deux sans relâche ont dessiné fait les fonds et cherché des modèles pour leur loup. Et l'album est né, avec de super détails dans l'illustration preuve que toutes les lectures d'images et d'illustrations faites pendant l'année avaient germé dans leur tête.
J'ai numérisé et c'était parti, très fiers ils l'ont montré aux autres aussitôt un puis deux puis trois puis;.. enfants se sont lancés dans la réalisation d'albums il y en a 5 finis et deux voir trois en chantier dommage c'est la fin de l'année, heureusement je les garde l'an prochain. Et puis ont vu le jour deux fiches de fabrication pour le journal et une BD est en court.
Donner du temps c'est le maître mot, peut-être que je ne lâchais pas assez et que je n'aurais pas accepté qu'ils y passent le temps qu'ils ont pris et qu'il faut si on veut un vrai travail ou seulement fallait attendre qu'ils soient prêts.(Il a déjà fallu du temps<pour les pacifier et faire entrer dans la classe une atmosphère de boulot calme)
 Je suis seule en PF dans cette école et comme chaque année ( un peu moins à chaque fois) je ne me permet pas assez je ne leur permet pas assez malgré mes fortes convictions ( la salle des maîtres joue sur mon inconscient malgré moi et mes certitudes heureusement que les rencontres et lectures mail ou bulletins me rappellent ce que je veux vraiment.

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Philippe R

Pour l'instant, les rendez-vous sont :

 

- rendez-vous que j'ai décidé seul : leçon "magistrale" avec toute la classe le lundi à 10h30 dans une autre pièce (plus adaptée). Une fiche-outil (leçon) est collée dans un cahier. En général, à 11h, c'est terminé. Je suggère de la revoir à la maison et toutes les 4 semaines, un test des leçons est donné.

- lundi 13h30-14h : rendez-vous lecture. 6 groupes d'enfants du CP au CM2 dans l'école encadrés par 3 enseignants et 3 parents. Les enfants peuvent emprunter un livre dans le stoc des livres du rendez-vous lecture (empruntés à la bibliothèque municipale) lors de l'heure de la commission Bibliothèque le mardi. A ce rendez-vous lecture, ils présentent un livre et en lisent un passage. L'objectif voulu et annoncé est le partage d'une lecture plaisir. A 14h, tous les enfants rejoignent leur classe

- mardi 16h : l'heure des commissions. Un enfant de chaque classe rejoint sa commission (commission bibliothèque, commission journal, commission achat, commission préparation du Grand Conseil). Chaque commission est encadrée par un parent.

- jeudi 13h30-14h : Grand Conseil avec la participation de tous les enfants du CP au CM2 jusqu'à Noël et de la GS au CM2 ensuite.

 

les rendez-vous pris et décidés en réunion (enfants+moi) :

 - mardi et vendredi (heure variant entre 13h30 et 14h30): EPS ; l'habitude fait que le nombre de rendez-vous EPS est égal à 2

- (depuis quelques semaines) : lundi 14h, énigmes/création mathématiques/problèmes etc : il a été mis en place car, les énigmes de la classe de Sylvain notamment n'avaient finalement jamais été résolues malgré les engagements individuels pris au cours de plusieurs réunions consécutives

- (depuis quelques semaines) : jeudi 14h, lecture des journaux des corres qui s'est étendue à toute activité de lecture avec une particularité : un grand silence pour ne pas gêner.

- Les 2 réunions quotidiennes (9h45 et 14h45) s'avèrent être des rendez-vous un peu différent dans la mesure où le groupe vient de décider très récemment qu'il n'était pas obligatoire d'y assister.

 

Il se trouve donc, que depuis les échanges avec quelques collègues du département, je pense occuper mon temps différemment. Plutôt que de traiter au plus vite des demandes des enfants en sillonnant la classe et de les aider alors qu'ils n'ont rien demandé (et finalement être peut-être un parasite), je pense occuper mon temps (tout en en gardant aussi pour observer) à être en rendez-vous à comité restreint dans le coin réunion (dans la classe). Le rendez-vous de la leçon avec tout le monde va sauter et être ainsi remplacé par autant de rendez-vous qu'il y a de niveaux (CE1 CE2 etc) dans la classe donc 2 dans mon cas. Ce rendez-vous appelé dans la classe de David "Présence du maître" sera l'occasion d'une part de leur "fourguer" la leçon/fiche-outil mais aussi de répondre ensemble à leur demande de type "je n'ai pas compris tel truc" ou autre. Et sans doute, prendre des rendez-vous avec certains enfants particuliers (pouvant être de niveau différent) faisant suite à un ressenti, une demande commune ou d'une information donnée par Bingo du type "C, F, A et B n'ont pas réussi le brevet de la soustraction avec retenue". Dans le dernier cas, je peux prendre rendez vous avec C, F, A, B et G pour que G explique aux 4 autres ou un autre rendez-vous avec uniquement C,F et A pour leur expliquer moi-même tout en laissant B car je ne pense pas que c'est le bon moment pour lui (là, y a un choix pédagogique à faire qui nécessite de ma part de bien connaître chacun et le groupe).

 

Ce peut aussi être un rendez-vous où j'apporte au groupe une activité.

 

Dans tous les cas, les réunions quotidiennes pourront être l'occasion pour chacun d'exprimer un avis sur un ou plusieurs rendez-vous afin de permettre au groupe (enfants+moi) via les échanges qui vont suivre ces avis, de réguler ces moments. 

 

Bon, c'est pas tout ça mais une semaine exclusivement réservée à la petite famille va commencer dans quelques heures. J'envoie un dernier message à la suite de celui-ci car y a un ressenti qui me perturbe quelque peu depuis hier soir.retour haut de page - retour menu 3type


Philippe R

David - qui va peut-être, j'espère, causer sur cette liste - a une classe à 3 niveaux. La plupart du temps, ses gamins sont en PT et lui se retrouve avec les enfants d'un même niveau de temps en temps, ce qu'il a appelé "présence du maître dans le niveau". C'est en raison de cette présence qu'il considère qu'il n'a pas une approche 3type. Et pourtant, je pense qu'il se trompe.

Lorsqu'il est avec le groupe, il est dans un premier temps à l'écoute. Chaque enfant du groupe peut proposer quelque chose du type "j'aimerais comprendre ce qu'il faut faire sur tel exo du PT", "je n'ai pas compris tel truc", "j'aimerais qu'on révise ça" bref le groupe ainsi constitué peut proposer comment il aimerait utiliser ce temps, il s'organise avec David et on peut très bien penser que le groupe peut au fur et à mesure s'auto-organiser.

 

Depuis lundi dernier, j'ai mis en place 4 groupes. Chaque jour, les groupes ont un rendez-vous (autour de la table de réunion) avec moi pendant une demi-heure. On s'est de mieux en mieux organisé pour ces moments et je termine la semaine ravi de ce changement. Changement qui concerne surtout mon emploi du temps puisque, pour les enfants, seule 1/2 demi-heure par jour est différente.

Du coup, étant occupé avec ces groupes, je suis beaucoup moins le parasite dans la classe qui suit/contrôle ce que chacun fait. L'activité est devenue plus dense ; je m'en suis rendu compte au nombre de trucs (exos, productions etc) déposés dans ma corbeille en fin de journée pour que je valide (vérifie leur correction principalement) ou que je corrige leurs productions.

Ca ne me fait pas plus de boulot le soir - au contraire même -, puisque, après avoir jeté un oeil sur les exos, productions etc, j'en dépose quelques uns dans la corbeille du groupe. Et, lorsque le groupe se retrouve, on échange sur son contenu. Cela permet de corriger ensemble, de faire profiter aux autres des trouvailles des uns et des autres.

 

J'ai l'impression que nombreux petits problèmes/soucis disparaissent grâce à ces p'tits groupes.

Je passe sur quelques uns déjà résolus pour faire part d'un souci qui me travaillait en fin de semaine et au sujet duquel on a échangé avec Mme Montagnier hier soir en classe lors de ma réunion avec les parents qui a lieu tous les 15 jours (hier, Mme Montagnier était la seule présente).

 

Le souci/problématique :

"Comment faire pour que les enfants entrent davantage dans la production écrite et la recherche mathématique ?"

Les constats :

- lorsque je propose à un enfant de faire une production, il a tendance à freiner bref à faire le balancier avec mon enthousiasme. Bref, cela est vécu comme une contrainte extérieure.

- lorsque je (et même un enfant du groupe) propose au groupe "classe" tout entier (à la réunion par exemple) de faie tel truc, chaque enfant compte sur l'autre pour le faire ! Du coup, les propositions deviennent moins nombreuses ...

Hypothèses :

- la contrainte extérieure est un parasite.

- Seule, la contrainte établie par l'enfant pour lui-même est génératrice.

- Le groupe "classe" est trop grand pour que chacun se sente concerné par sa capacité à s'auto-organiser (se manager) du moins dans la prise d'engagements.

Idée :

- Plutôt qu'un ensemble d'enfants forme un groupe, je vais tâcher de constituer un nouveau groupe, une nouvelle identité, une nouvelle structure - plus petite. 

Ces nouvelles petites-structures :

* 5 à 7 enfants

* 1 plan de travail à la semaine. Dans ce plan, on indiquera, en début de semaine, les noms des enfants qui choisiront de faire telle ou telle activités parmi les items du PT : mini-livre (récit imaginaire), recherche mathématique etc. Bref, je contrôle la liste des items seulement et c'est le groupe qui remplira "Qui fait quoi". La contrainte ne proviendra plus d'un élément extérieur (moi en l'occurence) mais de la structure (groupe+PT). Ce qui marche moyennement avec un groupe de 24 enfants devrait fonctionner beaucoup mieux avec un petit groupe (du moins, c'est ce que je pense après avoir vu fonctionner ces petits groupes cette semaine).

Cela ne remplace pas bien sur le pense-bête de chacun (PT individuel) mais les alimente en partie. Les PTs des groupes sont alimentés par les choix des enfants des groupes à partir de leurs inspirations mais aussi des informations reçues lors des 2 réunions quotidienne du groupe Classe. Ils constituent donc en quelque sorte le PT collectif.

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